Modifier le nom d’un poste peut sembler anodin. Pourtant, en droit du travail, un changement d’intitulé n’est jamais neutre : il peut impliquer une modification de la qualification contractuelle, nécessitant l’accord du salarié. L’arrêt rendu par la Cour de cassation le 17 septembre 2025 illustre ce risque et invite les employeurs comme les salariés à faire preuve de vigilance. Ce n’est pas le titre du poste qui compte, mais la réalité des fonctions exercées.

Le changement d’intitulé de poste est souvent perçu comme un simple ajustement organisationnel, une mesure interne sans incidence sur la situation du salarié. Pourtant, en droit du travail, cette modification peut constituer une véritable atteinte à la qualification contractuelle, engageant la responsabilité de l’employeur.
Dans un arrêt du 17 septembre 2025 (Cass. soc., n° 24-16.336), la Cour de cassation a rappelé que la qualification professionnelle d’un salarié fait partie intégrante du contrat de travail et ne peut être modifiée sans son accord. Ce principe, déjà affirmé dans des décisions antérieures, est ici réaffirmé avec fermeté.

L’affaire concernait une salariée cadre occupant le poste d’office manager. Elle avait été réaffectée à un poste d’assistante comptabilité et gestion, tandis que ses anciennes fonctions avaient été confiées à une nouvelle recrue.
Après un arrêt maladie, elle est licenciée pour faute grave, l’employeur lui reprochant des erreurs répétées dans l’exécution de ses tâches. La salariée conteste, considérant que son licenciement repose sur une insuffisance professionnelle et non sur une faute disciplinaire, et qu’elle a subi une modification unilatérale de sa qualification contractuelle.
La cour d’appel, tout en reconnaissant un préjudice, le limite à 600 €, estimant que la salariée n’a perdu qu’un titre valorisant. La Cour de cassation casse cette décision : avant de statuer, les juges auraient dû vérifier si les nouvelles fonctions correspondaient réellement au même niveau de qualification, de responsabilités et de rattachement hiérarchique.
L’article L.1221-1 du Code du travail soumet le contrat de travail au droit commun des contrats. Selon l’article 1103 du Code civil, “les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites”.
Ces principes impliquent que l’employeur ne peut pas, sous couvert de son pouvoir de direction, altérer les éléments essentiels du contrat. Ce pouvoir lui permet de faire évoluer l’organisation, de répartir différemment les tâches ou d’adapter les méthodes de travail. Mais il trouve sa limite dès lors que le changement envisagé touche à la qualification du salarié.
Un changement d’intitulé est donc :

La jurisprudence constante impose une analyse concrète des faits. Le juge ne se fonde pas sur le seul libellé du poste, mais sur la réalité des missions exercées.
Dans cette hypothèse, le changement relève du pouvoir de direction.
Dès lors, il s’agit d’une modification du contrat de travail, qui ne peut intervenir sans accord exprès du salarié, matérialisé par un avenant écrit.
Lorsqu’un employeur modifie l’intitulé du poste sans vérifier l’équivalence réelle des fonctions, il s’expose à plusieurs risques juridiques :
La charge de la preuve repose sur l’employeur, qui doit démontrer que le changement d’intitulé n’a eu aucun impact sur la qualification contractuelle ni sur la rémunération.
L’arrêt du 17 septembre 2025 illustre parfaitement la vigilance de la Cour de cassation quant à la protection de la qualification professionnelle.
Ce qui peut apparaître comme un simple ajustement administratif recouvre souvent une réalité professionnelle plus profonde, touchant à la reconnaissance et à la valeur du salarié dans l’entreprise.
Derrière chaque intitulé se cache une dimension symbolique : celle de la hiérarchie, de la responsabilité et du statut.
Le juge prud’homal, en vérifiant la réalité des fonctions exercées, veille à ce que cette symbolique ne soit pas vidée de sa substance.
En définitive, le changement d’intitulé de poste, s’il ne modifie pas la nature du travail, relève du pouvoir de direction.
Mais dès qu’il affecte la qualification, il devient une modification du contrat de travail, encadrée par les principes fondamentaux du droit social.
La prudence reste donc de mise, tant pour les employeurs qui réorganisent que pour les salariés qui souhaitent préserver leur statut. En matière de droit du travail, la sémantique n’est jamais neutre : un mot de trop sur une fiche de poste peut suffire à transformer un simple ajustement en contentieux.

Notre annuaire recense les meilleurs avocats en droit du travail à Versailles, sélectionnés pour leur expertise et leur engagement auprès des salariés, employeurs et cadres dirigeants.
Accédez à des profils vérifiés, des avis clients authentiques et trouvez rapidement le professionnel qu’il vous faut pour défendre vos droits ou sécuriser vos démarches juridiques.
Vous souhaitez rejoindre notre annuaire des meilleurs avocats à Versailles ? Publiez gratuitement votre cabinet et gagnez en visibilité locale dès aujourd’hui.