Lorsqu’un salarié est déclaré inapte à son poste, l’employeur ne peut pas engager un licenciement sans avoir préalablement recherché un reclassement conforme aux prescriptions du médecin du travail. Cette obligation, strictement encadrée par le Code du travail et renforcée par la jurisprudence récente, constitue une garantie essentielle pour le salarié. Comprendre les contours de ce reclassement, les droits associés et les erreurs pouvant invalider un licenciement permet à chacun de mieux défendre sa position en cas d’inaptitude.


L’inaptitude au travail, qu’elle soit d’origine professionnelle ou non, bouleverse toujours la relation de travail. Elle place le salarié dans une situation délicate et impose à l’employeur une série d’obligations strictes dont le respect conditionne la régularité de toute procédure ultérieure. Parmi celles-ci, l’obligation de reclassement occupe une place centrale. C’est elle qui détermine si un licenciement pour inaptitude pourra être considéré comme licite ou, au contraire, être remis en cause devant le Conseil de prud’hommes.
Les décisions rendues par la Cour de cassation en 2025 apportent de nouvelles précisions essentielles qui renforcent les droits des salariés et clarifient les démarches attendues de l’employeur. Cette analyse propose un décryptage complet de cette obligation, dans une perspective accessible et utile à toute personne confrontée à une inaptitude.
L’inaptitude ne peut être constatée que par le médecin du travail, à l’issue d’un examen médical.
L’avis rendu peut prévoir :
Cet avis doit être précis. Il mentionne les gestes interdits, les positions à éviter, les contraintes incompatibles avec l’état de santé du salarié.
Il est le pivot de l’obligation de reclassement, car l’employeur doit s’y conformer strictement.
Ainsi, si le médecin du travail indique que le salarié ne peut plus effectuer de gestes répétitifs, porter des charges ou travailler en posture prolongée, l’employeur ne peut proposer que des postes qui respectent exactement ces limitations.
Les articles L.1226-2-1 et L.1226-10 du Code du travail imposent à l’employeur de rechercher un emploi compatible avec l’état de santé du salarié. Cette obligation est lourde, car elle implique :
L’employeur doit démontrer une démarche proactive, documentée et cohérente. Une recherche superficielle ou purement formelle n’est jamais suffisante.
Il ne s’agit donc pas de proposer au salarié un poste “par défaut”, mais un emploi approprié, tenant compte de ses capacités restantes et aussi comparable que possible à celui qu’il occupait auparavant.
La jurisprudence rendue le 22 octobre 2025 confirme un principe fondamental :
le salarié peut contester un poste si celui-ci ne respecte pas les recommandations médicales.
Cette contestation peut porter sur :
Dès lors que le salarié soulève une difficulté liée à son état de santé, l’employeur ne peut pas ignorer cette contestation. Il doit obligatoirement retourner vers le médecin du travail pour obtenir un avis complémentaire.
C’est un point essentiel, car beaucoup d’employeurs, croyant bien faire, estiment qu’un poste “semblable” suffit. La Cour de cassation rappelle clairement que ce n’est pas le cas :
si le salarié exprime un doute sur la compatibilité du poste, l’employeur doit solliciter une validation expresse du médecin du travail.
En l’absence de cette démarche, le licenciement repose sur une procédure irrégulière.
La loi n’exige pas que plusieurs propositions soient formulées.
Une seule peut suffire, à condition qu’elle soit :
En 2025, la Cour de cassation a rappelé que la proposition doit être suffisamment détaillée pour permettre au médecin du travail d’en apprécier la compatibilité.
Un simple intitulé (“poste de vendeur”, “poste administratif”, “poste allégé”) ne suffit jamais. Le médecin doit connaître précisément les tâches exécutées, les gestes requis, les contraintes du poste.
Dès lors, si le salarié refuse un poste insuffisamment défini, il ne commet aucune faute. Le refus peut même révéler que l’employeur n’a pas respecté son obligation de reclassement.
Lorsque l’inaptitude est d’origine professionnelle (maladie professionnelle ou accident du travail), le salarié bénéficie de protections renforcées.
L’article L.1226-14 du Code du travail prévoit une indemnité spéciale, équivalente à l’indemnité compensatrice de préavis, même si le salarié n’exécute pas ce préavis puisqu’il est inapte.
Une précision majeure issue d’un arrêt du 22 octobre 2025 mérite d’être soulignée :
cette indemnité n’a pas la nature d’un préavis. Elle ne prolonge pas le contrat et ne modifie pas la date de fin de contrat.
L’ancienneté servant au calcul est donc arrêtée au jour de la notification du licenciement, sans y ajouter une durée équivalente au préavis non effectué.
Cette distinction peut avoir un impact important sur le montant dû au salarié, notamment pour ceux bénéficiant d’une longue ancienneté ou d’une rémunération élevée.

Le salarié qui estime que l’obligation de reclassement n’a pas été respectée peut saisir le conseil de prud’hommes.
Le juge vérifiera notamment :
Un manquement à ces obligations peut conduire à la condamnation de l’employeur à verser des dommages-intérêts pour licenciement injustifié.
L’obligation de reclassement en cas d’inaptitude constitue une garantie forte pour le salarié.
Elle impose à l’employeur une démarche précise, médicale et juridique.
Les arrêts récents renforcent le rôle du médecin du travail et rappellent que l’employeur ne peut jamais procéder à un licenciement sans avoir vérifié la compatibilité exacte du poste avec les capacités du salarié.
Pour le salarié, comprendre ces exigences est essentiel :
cela permet de vérifier la loyauté de la procédure, de contester une proposition inadaptée et, au besoin, de faire valoir ses droits devant les prud’hommes.
Oui. La loi impose à l’employeur de rechercher un reclassement avant tout licenciement, sauf impossibilité absolue attestée. Cette obligation est impérative et découle des articles L.1226-2-1 et L.1226-10 du Code du travail.
La recherche doit être sérieuse, exhaustive et conforme aux recommandations du médecin du travail.
L’employeur doit analyser les postes disponibles, envisager des aménagements et démontrer qu’aucune solution raisonnable n’existait.
Sans cette démarche, le licenciement peut être jugé injustifié et donner lieu à une indemnisation.
Le salarié a pleinement le droit de contester un poste qui ne respecte pas les préconisations médicales.
La jurisprudence rappelle qu’en cas de contestation, l’employeur doit retourner vers le médecin du travail pour obtenir un nouvel avis ou une confirmation de la compatibilité du poste.
Le salarié n’a donc pas à accepter un poste imprécis, insuffisamment décrit ou manifestement incompatible avec ses capacités.
Un refus justifié ne peut jamais être considéré comme une faute.
Oui, dès qu’un doute subsiste sur la compatibilité du poste proposé avec les restrictions médicales.
Si le descriptif du poste n’est pas suffisamment détaillé ou si le salarié conteste l’adéquation du poste, l’employeur doit solliciter un nouvel avis.
L’absence de validation préalable peut conduire à considérer que l’obligation de reclassement n’a pas été remplie.
La Cour de cassation insiste sur cette étape : la validation médicale est un élément de sécurité juridique indispensable.
L’employeur doit pouvoir démontrer que toutes les pistes de reclassement ont été explorées, y compris les aménagements de poste et les mutations possibles.
Si, malgré ces recherches, aucun poste ne convient, l’employeur peut engager un licenciement pour inaptitude et impossibilité de reclassement.
Le juge prud’homal vérifiera la réalité de ces démarches.
En cas de manquement, le licenciement sera requalifié et pourra entraîner des dommages-intérêts pour licenciement sans cause réelle et sérieuse.
Le salarié déclaré inapte à la suite d’une maladie professionnelle ou d’un accident du travail bénéficie d’une indemnité spéciale, équivalente à l’indemnité compensatrice de préavis prévue par l’article L.1226-14 du Code du travail.
Cette indemnité n’a toutefois pas la nature d’un préavis : elle ne prolonge pas le contrat.
L’ancienneté servant à son calcul est arrêtée à la date de notification du licenciement, sans ajout de la durée équivalente au préavis non effectué.
Cette règle, confirmée par la Cour de cassation en 2025, influence directement le montant final perçu par le salarié.

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